La nuit dernière, le Sénat a voté une proposition de loi sénatoriale du groupe RDSE (en service commandé pour M.Hirsch, c’est ti pas beau l’ouverture et la politique bipartisane) créant le service civique volontaire. Il s’agit pour toute personne de plus de 16 ans de nationalité française ou résidant en France depuis plus d’un an (on remarquera que de plus en plus la nationalité s’efface au profit du lieu de résidence et ce quelque soit le gouvernement) de s’engager pour «une mission d’intérêt général» au sein d’associations, fondations ou collectivités. Les volontaires bénéficieront d’une couverture sociale, de droits à la retraite, d’un accompagnement, d’une validation des acquis de l’expérience avec une attestation de fin de service ainsi que d’une indemnisation d’environ 600 euros mensuels qui ne sera accordée qu’aux moins de 25 ans. Alors bien entendu les médias et les politiques nous vendent la petite soupe comme étant un grand pas en avant visant à promouvoir la cohésion sociale, la mixité sociale et la citoyenneté au sein de la jeunesse, que le service civique permettra d’intégrer également les jeunes des quartiers, que cela rétablira l’engagement citoyen d’une jeunesse qui n’attend que ça, de donner à son pays…
Mais ne soyons pas dupes car derrière les beaux discours, il faut voir ce qu’est le nouveau service civique obligatoire et si ce n’est le retour des emplois jeunes déguisés. Première preuve, le service civique volontaire remplace le service civil mis en place en 2006 pour répondre aux besoins d’action sociale dans les quartiers après les émeutes de 2005. Qui étaient déjà présentés comme des emplois jeunes bis. Heureusement que la très forte limitation du dispositif (les effets d’annonce ont des fois du bon) avaient réussi à contenir le retour des grands frères mais avec la nouvelle impulsion de M.Hirsch, on va avoir le bonheur de redécouvrir ces jeunes qui font tant pour leur quartier. D’ailleurs, autre confirmation : le gouvernement et les parlementaires parlent bien de 10 000 postes dans leur proposition de loi… et non pas de 10 000 volontaires. C’est à cause des implications budgétaires qui obligent les parlementaires à appeler un chat un chat et donc un emploi un emploi. Et donc les volontaires sont bien en poste…et quand on sait que cela peut durer de 6 à 24 mois, soit exactement les durées des CDD, comme par hasard…
Et enfin, il suffit de lire un peu entre les lignes. Quand le gouvernement et les parlementaires disent « une mission d’intérêt général au sein d’une ONG ou d’une administration publique ou d’une collectivité territoriale », il faut voir un peu plus loin que ce qu’on nous dit. Sur le terrain, le service civique volontaire sera, dans la grande majorité des cas, un jeune employé par une association ou une collectivité territoriale (mais financé par l’argent de l’Etat) pour des actions sociales dans les quartiers. Certains auront peut-être un vrai rôle social et un vrai bénéfice pour la communauté mais la plupart du temps, cela ne servira qu’à faire diminuer le taux de chômage dans les quartiers, faire un peu de clientélisme…quand ce ne sera pas pour acheter la paix sociale comme à la plus belle époque des années Jospin. Lire le reste de cette entrée »