Echopolitique

Ne pas faire de politique, c'est faire la politique de ceux qui nous imposent la leur.

Posts Tagged ‘Trichet’

Le pétrole et la BCE : un mélange explosif

Posted by lolik11 sur 8 mars, 2011

Jeudi dernier, J-C.Trichet a évoqué en termes assez clairs la possibilité d’une hausse des taux d’intérêt  à partir du 7 avril prochain. « Nous signalons que nous sommes dans une situation de grande vigilance et je crois comprendre que la position du conseil des gouverneurs est qu’une hausse des taux d’intérêt lors de la prochaine réunion est possible ». Son raisonnement habituel est le suivant : en raison de la hausse du pétrole et des matières premières, les prévisions d’inflation pour l’année sont à 2,3% alors qu’il est nécessaire que les anticipations d’inflation de tous les acteurs économiques restent inférieures à 2% afin de ne pas alimenter le risque « d’effet de second tour » qui  conduit à l’augmentation des salaires qui elle, se propage à l’ensemble des prix. Sauf qu’avec 10% de taux de chômage moyen dans la zone euro, ce scenario parait fort peu réaliste. Sauf, que l’augmentation des taux d’intérêt est absolument sans effet sur l’augmentation du prix du pétrole et des matières premières.

La BCE serait-elle sous influence allemande ? C’est une explication avancée par J-M.Vittori car en Allemagne en décembre les prix  à l’importation ont augmenté de 11% en glissement annuel et l’indice général des prix de 1,7%. Et au nom de la conjuration de l’inflation allemande, la BCE y ralentirait la reprise (3,6% en 2010) en renchérissant le coût du crédit qui par ricochet ralentirait la consommation ? Pour ma part, je n’y crois pas trop.

En revanche, l’hypothèse de peser plus fermement sur les gouvernements pour les obliger à réduire leurs déficits publics en renchérissant le coût de leurs emprunts me parait plus probable, les banques s’étant refait une santé en 2010 et bénéficiant toujours d’un guichet ouvert à leur refinancement, elles seraient peu pénalisées par cette mesure.

Mais surtout, je crois J-C.Trichet absolument obsédé par sa croisade contre l’inflation, prêt à tout pour terminer son mandat avec une inflation proche de 2% et pour cela il utilise l’arme mortelle pour nos économies, l’appréciation de l’euro. Celle-ci s’obtient mécaniquement en annonçant la hausse probable des taux d’intérêt, comme il vient de le faire : l’euro est passé de 1,37$ à 1,40$ en séance aujourd’hui, son plus haut niveau depuis 4 mois. Et évidemment, l’appréciation de l’euro fait baisser la facture des produits importés, pétrole et matières premières comprises et ceci de façon instantanée, ce qui est une façon simple d’arriver à son objectif, sachant que les conséquences sur notre économie ne sont pas sont pas son problème.

Cet après-midi le baril était à 105$, en augmentation de 15% depuis le début de l’année. Si on en juge par le chaos qui s’installe au Proche-Orient comme une traînée de poudre, on ne peut en exclure une hausse rapide. Faudra-t-il laisser J-C.Trichet augmenter chaque semaine les taux d’intérêt ?

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Eurobéats, les idiots utiles du lobby bancaire

Posted by echopolitique sur 11 mai, 2010

Trichet, Merkel tout à leur bonheur de sauver l'euro

Trichet, Merkel tout à leur bonheur de sauver l'euro

Tirant les conclusions de l’exemple grec et de la situation budgétaire catastrophique des autres pays de la zone euro, les pays européens ont négocié, dimanche, la mise en place d’un plan de secours pouvant atteindre 750 milliards d’euros. Dans un premier temps, la Commission pourra lever 60 milliards sur les marchés avec la garantie des Etats, puis consentir des prêts aux Etats européens qui le demanderaient. Dans un deuxième temps, les Etats membres de la zone euro vont créer une société chargée d’emprunter sur les marchés et lui apporter leur garantie (88 milliards pour la France !) fin qu’elle puisse emprunter jusqu’à 440 milliards et les prêter ensuite aux pays en difficulté afin « préserver la stabilité financière de l’Europe » comme ils disent. Et le FMI pourra faire de même pour 250 milliards. Au passage, on notera que, sans que cela ne choque personne, la Commission européenne aura désormais le droit d’emprunter sur les marchés avec la garantie des Etats…Pour l’instant, la Commission européenne gérait des fonds apportés par les Etats membres mais grâce au traité de Lisbonne (article 122.2), elle peut emprunter directement en son nom. Pour faire bonne mesure, les dirigeants européens ont accepté l’idée de faire tourner la planche à billets et ont fait avaler la couleuvre à J-C.Trichet (l’indépendant qui déclarait il y a encore quatre jours, qu’une telle mesure était hors de question…), c’est-à-dire que la Banque centrale européenne achètera de la dette grecque ou espagnole et créera en contrepartie de la monnaie. En gros, tout sera fait et même au-delà pour sauver l’euro…mais malgré ça, les déficits restent et la dette continuera d’augmenter.

Ce plan gigantesque est à vrai dire, un nouvel épisode de la « privatisation des profits, socialisation des pertes ». En effet, les dirigeants européens, en mettant en place ce plan, ont assuré aux banques et autres créanciers des Etats qu’ils seront remboursés in fine par les contribuables qui se substitueront en dernier ressort aux banques. Sans oublier, bien entendu, que les banques toucheront des intérêts plus élevés pour les pays risqués…sans qu’elles n’aient à assumer le risque. Ce mécanisme est un simple racket des contribuables par le lobby bancaire puisque les banques empruntent à la BCE à 0,5%, prêtent aux Etats à 3% minimum et désormais ne supportent plus aucun risque de voir leurs créances non remboursées. D’ailleurs, les marchés ont salué, comme il se doit, ce sauvetage organisé des banques du risque souverain avec des augmentations faramineuses des bourses et plus particulièrement des valeurs bancaires (+20% minimum pour les bancaires françaises qui étaient les plus exposées).

Cela repose la question des emprunts d’Etat et de l’interdiction faite aux banques centrales d’acheter les dettes d’Etat sans taux d’intérêt, depuis 1973 par Giscard. Il faut savoir que depuis 1981, la France a payé plus d’intérêts sur la dette aux banques que l’augmentation de la dette elle-même, ce qui veut dire que si comme avant 1973, la France ne remboursait que le capital de sa dette et ne payait pas ces intérêts aux banques, nous aurions réduit notre dette ces 30 dernières années. Je connais les objections des économistes sur la monétisation des dettes et les effets inflationnistes encourus mais avec une gestion rigoureuse du budget et des taux d’intérêt, il est possible d’éviter ce risque inflationniste sans payer des milliards aux banques pour rien. Mais cela est un autre débat…qu’il faudra bien un jour rouvrir tant ce qui se passe actuellement est scandaleux.

Pour revenir à notre sujet, encore une fois les eurobéats sont les idiots utiles des lobbys qui jouent contre l’intérêt général européen. Comme au tournant de la construction européenne, marqué par l’entrée de l’Angleterre, où les eurobéats nous disaient que cela permettrait de faire une Europe puissance alors que cela était la fin même de cette idée ; comme au moment de la création de la Commission européenne qui devait permettre de mettre en place une politique européenne alors qu’elle a simplement permis au marché d’imposer sa logique à tout le Continent ; comme au moment de Maastricht et de la monnaie unique qui devait permettre d’obtenir croissance et stabilité en zone euro alors que l’expérience nous prouve que c’est la mort économique à petit feu qui nous guette ; comme au moment des élargissements successifs faits à la va-comme-je-te-pousse pour des fins strictement politiques qui empêchent tout approfondissement sérieux (manque d’approfondissement qu’ils estiment aujourd’hui, cause de la crise européenne). Pendant ce temps-là, on attend toujours la réglementation bancaire qui permettrait d’assainir le système financier, de séparer les activités de banque de détail et de banque d’investissement, de casser le « too big to fail », de limiter la spéculation sur les marchés dérivés et le marché des matières premières, d’empêcher la spéculation pour compte propre des banques (80% des résultats de Goldman Sachs), d’organiser la faillite des banques… Plutôt que de s’intéresser à ces bricoles, on va donc emprunter pour prêter et quant à ceux qui ont déjà prêté, on les remboursera en créant de la monnaie tout exprès, ce qui leur permettra, qui sait de prêter à nouveau aux mêmes en empochant au passage les intérêts ! Madoff, petit bras !

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A quand la sortie de la Grèce de l’euro ?

Posted by echopolitique sur 28 avril, 2010

La construction factice de l'euro se révèle à l'occasion de la crise grecque

La construction factice de l'euro se révèle à l'occasion de la crise grecque

La faillite grecque est désormais de plus en plus proche. Mais dans cette affaire, ce sont les différents retournements de l’Europe qui sont le plus inquiétants. Il y a un mois, on nous annonçait un plan de sauvetage UE-FMI qui était plutôt une garantie de dernier recours, crée pour ne pas être utilisée et qui visait seulement à rassurer les marchés sur le fait que la Grèce ne ferait pas faillite et ainsi détendre les taux d’intérêts imposés à la Grèce. Depuis, les taux grecs sont montés chaque jour, malgré les dénégations successives de l’UE (Van Rompuy déclarait encore hier « qu’il n’était pas question de restructurer sa dette » après que J-C. Trichet ait déclaré mardi « qu’il était hors de question que la Grèce ou n’importe quel autre pays de la zone euro fasse défaut sur ces emprunts ») et c’est ainsi que le 10 ans atteignait 11 % ce matin et le 2 ans près de 18% ! après dégradation hier à BB- de Standard and Poor’s de la Grèce et à A- celle du Portugal (ce qui est un racket organisé quand on sait que la BCE prête à 0,5% aux banques mais cela est un autre sujet) repoussant la Grèce dans ses derniers retranchements jusqu’à faire appel d’urgence, à ce plan UE-FMI.

On nous annonçait aussi que lorsque la Grèce y ferait appel, il n’y aurait qu’à appuyer sur un bouton pour que les fonds arrivent. La réalité est bien différente : l’Allemagne, malgré son accord de principe, ne veut toujours pas payer et désormais la France s’aligne sur la position allemande par la voix du ministre de l’Economie, C.Lagarde qui demande à ne pas être trop complaisant avec les grecs. En fait, le sort de la Grèce est suspendu aux élections régionales du 9 mai en Rhénanie et Van Rompuy nous fait un aveu d’impuissance éloquent en convoquant un sommet de l’eurogroupe le 10 mai ! Pendant que la zone euro prend feu (ce matin, l’euro a touché 1,31, le cac perd encore 2% après avoir perdu 4% hier et les banques françaises qui sont les plus exposées en termes de créances grecques perdent encore 6% après en avoir perdu autant hier), N.Sarkozy fait trois jours de tourisme en en Chine ! Il n’y a tout simplement plus de pilote dans la zone euro.

En contrepartie de cette aide, l’Allemagne (et donc désormais la France) veut que les Grecs aillent plus loin dans leurs mesures d’austérité. Ce qui est bien en soi, car le problème de fond de la Grèce est qu’elle a vécu au-dessus de ses moyens, mais cela ne réglera pas le problème. Car aucune cure d’austérité ne peut marcher si elle ne permet pas de rétablir la compétitivité économique du pays en question. La cure d’austérité actuelle permettra de rétablir peut-être un jour les finances publiques, si la rue n’a pas pris le pouvoir avant, mais en aucun cas, la Grèce ne va devenir l’Allemagne en trois mois. Donc après cette cure, les grecs seront toujours dans la même difficulté économique et dans trois mois le même problème se reposera. Dans la situation actuelle, cette mise sous perfusion de la Grèce ne sert strictement à rien et ne fera qu’organiser une aide au développement pour le pays, c’est-à-dire que les autres pays européens lui apporteront des fonds qui ne seront jamais remboursés et qui lui serviront seulement à payer les factures courantes.

La seule solution pour que la Grèce retrouve un peu d’air est qu’elle dévalue sa monnaie pour rembourser sa dette en monnaie de singe et que ses produits retrouvent leur compétitivité. C’est ce que font tous les pays du monde lorsqu’ils rencontrent de grandes difficultés…sauf ceux de la zone euro qui sont empêchés de le faire car leur monnaie est justement l’euro, enfin l’euro fort sous contrôle allemand. La seule solution pour la Grèce est qu’elle sorte de l’euro et réimprime ses drachmes pour enfin sortir de cet enfer ; cette solution ne fera pas l’économie des plans de rigueur pour la Grèce. Mais sans la dévaluation et donc la sortie de l’euro, la Grèce mourra rapidement et deviendra une province allemande qui ne vivra que des subventions et des touristes allemands si les allemands font le choix de garder la Grèce dans l’euro ou sera expulsée de la monnaie unique si les allemands ne veulent pas faire prendre le moindre risque à leur politique du Mark fort, pardon de l’euro fort…

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