Jeudi dernier, J-C.Trichet a évoqué en termes assez clairs la possibilité d’une hausse des taux d’intérêt à partir du 7 avril prochain. « Nous signalons que nous sommes dans une situation de grande vigilance et je crois comprendre que la position du conseil des gouverneurs est qu’une hausse des taux d’intérêt lors de la prochaine réunion est possible ». Son raisonnement habituel est le suivant : en raison de la hausse du pétrole et des matières premières, les prévisions d’inflation pour l’année sont à 2,3% alors qu’il est nécessaire que les anticipations d’inflation de tous les acteurs économiques restent inférieures à 2% afin de ne pas alimenter le risque « d’effet de second tour » qui conduit à l’augmentation des salaires qui elle, se propage à l’ensemble des prix. Sauf qu’avec 10% de taux de chômage moyen dans la zone euro, ce scenario parait fort peu réaliste. Sauf, que l’augmentation des taux d’intérêt est absolument sans effet sur l’augmentation du prix du pétrole et des matières premières.
La BCE serait-elle sous influence allemande ? C’est une explication avancée par J-M.Vittori car en Allemagne en décembre les prix à l’importation ont augmenté de 11% en glissement annuel et l’indice général des prix de 1,7%. Et au nom de la conjuration de l’inflation allemande, la BCE y ralentirait la reprise (3,6% en 2010) en renchérissant le coût du crédit qui par ricochet ralentirait la consommation ? Pour ma part, je n’y crois pas trop.
En revanche, l’hypothèse de peser plus fermement sur les gouvernements pour les obliger à réduire leurs déficits publics en renchérissant le coût de leurs emprunts me parait plus probable, les banques s’étant refait une santé en 2010 et bénéficiant toujours d’un guichet ouvert à leur refinancement, elles seraient peu pénalisées par cette mesure.
Mais surtout, je crois J-C.Trichet absolument obsédé par sa croisade contre l’inflation, prêt à tout pour terminer son mandat avec une inflation proche de 2% et pour cela il utilise l’arme mortelle pour nos économies, l’appréciation de l’euro. Celle-ci s’obtient mécaniquement en annonçant la hausse probable des taux d’intérêt, comme il vient de le faire : l’euro est passé de 1,37$ à 1,40$ en séance aujourd’hui, son plus haut niveau depuis 4 mois. Et évidemment, l’appréciation de l’euro fait baisser la facture des produits importés, pétrole et matières premières comprises et ceci de façon instantanée, ce qui est une façon simple d’arriver à son objectif, sachant que les conséquences sur notre économie ne sont pas sont pas son problème.
Cet après-midi le baril était à 105$, en augmentation de 15% depuis le début de l’année. Si on en juge par le chaos qui s’installe au Proche-Orient comme une traînée de poudre, on ne peut en exclure une hausse rapide. Faudra-t-il laisser J-C.Trichet augmenter chaque semaine les taux d’intérêt ?