
Tous ceux qui prennent le bouclier périront par le bouclier (St François, St Dominique et Ste Martine)
Sur l’air de la compassion, voila A.Juppé qui tient la main de Fr.Hollande pour entonner « Cela ne me choquerait pas qu’on demande aux très riches un effort de solidarité supplémentaire vis-à-vis de ceux qui soufrent ». Sur l’air de la justice, P.Méhaignerie, fait mine de découvrir qu’ « on ne peut pas aborder la question des retraites sans aborder le problème de la justice fiscale ». Sentant le vent tourner, certains demandent un délai de réflexion, tel J-F Copé qui confie « A titre personnel, je n’ai pas une religion totalement définitive sur le sujet » tandis qu’un autre, qui en fut l’artisan en 2005, réclame sa suspension, tellement « il se sent mal à l’aise »! Bref, la majorité qui a voté le bouclier fiscal, le traîne aujourd’hui comme un boulet. Et ce boulet, c’est du lourd : 585 millions d’euros restitué en 2009 à 16.350 foyers fiscaux. Sa suppression aurait permis de faire passer le déficit public 2009 de 144,8 milliards à…144,2 milliards, c’est dire la force de frappe de la mesure !
Bref, ce n’est pas du coté de l’efficacité fiscale que l’on trouvera l’urgence de la mesure mais plutôt dans la préparation, quoiqu’en dise notre gouvernement, de la hausse des impôts, des taxes et des contributions. Car le bouclier, pour ceux qui peuvent s’en prévaloir, ne protège que d’une future hausse de ceux-ci : et dans ce cas l’argument d’exonérer les plus riches de l’effort commun pourrait alors frapper, comme le glaive, les députés de la majorité d’ici deux ans. Alors devant la perspective d’une déroute, que pèsent l’efficacité économique et la moralité ? D’abord, ils ne sont que 16.000, de ce coté pas de danger électoral ! Juste le danger de l’exil fiscal, qui avait été évalué en 2006 à 843 expatriés qui représentaient déjà à l’époque une fuite de capitaux de 2,8 milliards € par an. Et devant l’instabilité fiscale de notre pays, il s’agit bien d’exil définitif. De cela, nos députés n’en ont cure ; il s’agit de sauver leur siège et pas un ne parlera de l’immoralité que constitue un prélèvement supérieur à 50% des revenus. Ils préfèrent confisquer les revenus légitimes de celui qui les a gagnés plutôt que de tailler dans les dépenses. Ils ne peuvent seulement imaginer que de diminuer les dépenses et la pression fiscale pourraient redonner un bol d’air à tous ceux qui en bénéficieraient. Et pourtant il y aurait de quoi faire sur les 1.067,8 milliards d’€ de dépenses mais ce n’est pas vendeur et nos députés le savent bien. Certains anticipent donc déjà la hausse des prélèvements ; CSG pour les centristes, impôt sur le revenu pour les socialistes et de Villepin. Ils voudraient décourager les français de travailler qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Pas de chance pour eux, la morale et l’efficacité économique sont indissociables.