A Bruxelles, on s’inquiète pour le marché unique européen remis en cause par les récents succès électoraux de partis de plus en plus critiques envers la construction européenne. Mario Monti [1] a même récemment déclaré que « La dynamique électorale, avec l’émergence de nombreux petits partis qui s’éloignent du centre-gauche ou du centre-droit, risque de le mettre en danger ». Ces inquiétudes ne datent pas d’hier puisque José Manuel Barroso lui a commandé un Livre blanc dont l’objet était justement « Revitaliser le marché unique ». Ce Livre blanc a été remis à la Commission européenne le 10 mai 2010 et il préconisait principalement l’approfondissement de la concurrence, la libéralisation des services, la mobilité des travailleurs et la coordination fiscale entre les Etats. Pas de chance, ces propositions ont rencontré des réticences grandissantes tandis que les tendances au protectionnisme, à la fermeture aux travailleurs étrangers et à la création de champions nationaux se faisait de plus en plus sentir.
Qu’à cela ne tienne : Mario Monti a trouvé la parade, qu’il vient d’exposer il y a quelques jours, à cette mauvaise humeur des pays récalcitrants qui n’entendent pas se laisser dépouiller de leur libre choix. Je cite et je source parce que vous seriez raisonnablement fondés à ne pas me croire : « Il faut laisser aux Etats l’impression qu’ils conservent la souveraineté fiscale, tout en apportant progressivement une convergence ». Il est par exemple favorable à une série d’accords bilatéraux, qui éviteraient les grandes déclarations européennes sur le sujet susceptibles de relancer les débats.
Ainsi, un de nos super technocrates européens, n’hésite pas à recommander à la Commission européenne, d’adopter une stratégie masquée pour venir à bout de la souveraineté fiscale des Etats et ceci dans une conférence où des journalistes sont présents ! Une telle impudence, signe à son endroit, et à ceux auxquels étaient destinés ces bons conseils, qu’ils vivent dans un monde totalement virtuel, dans lequel il ne risque rien pour oser proférer de tels propos et surtout pas la sanction démocratique d’un vote de rejet. Il est plus que temps d’arrêter la construction de ce monstre bureaucratique, peuplé de Super Mario hors de contrôle, qui rejettent très loin l’idée européenne de la démocratie.