Excellent débat comme toujours entre E.Zemmour et J.L.Mélenchon, les deux ayant des positions et un franc-parler que j’apprécie. Mais surtout ils ont une cohérence générale et ne cherchent pas seulement à faire plaisir à l’interlocuteur en face. Le débat en vient au voile et à la burqa (à partir de la 5’30) et J.L.Mélenchon exprime enfin une parole de la « vieille » gauche, celle qui est laïque, qui défend l’émancipation des femmes par rapport aux hommes, qui ose défendre la République et ses valeurs contre le politiquement correct de la non-discrimination, de la non-stigmatisation et du droit à la différence. J.L.Mélenchon dit quand même que les femmes en burqa sont des « fantômes qui se baladent dans la rue et qui ne veulent pas qu’on les regarde», que la République ne stigmatise pas des gens qui se stigmatisent tout seuls, Au final, J.L.Mélenchon a des paroles et des positions plus dures sur la burqa que la plupart des dirigeants de droite (y compris E.Besson qui est nazifié par le politiquement correct sur ces sujets).
Et pourtant, pas un membre du public, pas un invité sur le plateau ne pousse de cris d’orfraie ! Ce qui n’aurait pas manqué d’être le cas si les mêmes propos avaient été tenus par un homme de droite. Pourquoi ? Parce que simplement, J.L.Mélenchon est un homme de gauche. Comme si le label « de gauche » était le seul qui permette d’échapper à l’inquisition antiraciste. Il suffit de voir l’embarras de Charles Berling pour répondre à J.L.Mélenchon alors que juste avant il n’hésitait pas à s’opposer frontalement contre E.Zemmour, en l’accusant à mots couverts de racisme.
D’ailleurs, E.Zemmour met le doigt exactement là où cela fait mal en pointant les habits de la Vertu dont la gauche se pare systématiquement. La gauche peut être contre la burqa comme la droite mais elle ne doit pas être mise dans le même sac car la gauche a toujours de bonnes arrière-pensées et même une politique juste sur ces sujets, pas comme la droite. En somme, la gauche a toujours raison quelque soit la position qu’elle choisisse car elle le fait pour de bonnes raisons. Mais comme le dit E.Zemmour, si Jospin était là, la gauche se coucherait devant la burqa de peur de stigmatiser, comme elle l’avait fait devant le voile en 1989. C’est la droite, en 2004, qui a eu le courage d’interdire le voile à l’Ecole. Ce renoncement face à la religion de la République laïque nous le payons encore, les islamistes y ont vu une faiblesse de notre pays et une faille dans le paysage politique et font désormais de l’entrisme à gauche afin de renforcer leurs thèses, ce qui jusqu’à présent leur réussissait fort bien.
Le problème de la gauche est d’ailleurs superbement résumé par Ch. Berling, l’invité bien-pensant du jour, quand il dit que « tout démocrate est emmerdé avec ça (en parlant de la burqa), qu’on soit de droite ou de gauche ». Le problème est que nous ne sommes pas seulement une démocratie, système politique où le peuple est souverain et détient le pouvoir collectivement, où les démocrates se soumettent à la loi de la majorité. Nous sommes avant tout des républicains dans une République, c’est-à-dire un régime défendant des valeurs fondamentales, inscrites dans sa Constitution, qui ne sont pas négociables, même s’il y a un mouvement d’opinion pour les contourner, dans une circonstance particulière. Hors un remaniement de la Constitution, le principe de laïcité s’oppose fermement aux démonstrations religieuses publiques. Le problème fondamental de la gauche sur tous ces sujets est qu’elle ne sait plus où doit être son allégeance : à la République et ses valeurs ou à la Démocratie et ses renoncements républicains ?